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Chroniques d'Esther sur cet enfer qu'est le quotidien
22 septembre 2011

« La jungle urbaine : la rue »

Marcher dans la rue. Une action qui parait bien banale. Une action de transition, une sorte de pause dans le quotidien. Marcher dans la rue, c’est comme cuire des pâtes dans un bain-marie, ça ne va pas bien vite, et cela manque furieusement de style ; Pourquoi ? Simplement parce que d’autres vous dépassent en vélo ou pire, en voiture ! De plus, marcher dans la rue est dangereux ; il y a toutes sortes d’obstacles, des imprévus pas bienvenus !

De nos jours, de plus en plus de personnes ont un portable en guise de constant compagnon ; cet outil leur permet d’avoir un air occupé de business. Ce type de personne n’a pas les bras ballants, l’air hagard et le pied qui traine. Mais comment marcher ? C’est une question qui m’apparait quand je suis trop consciente de moi-même, une question insignifiante qui me gêne. Faut-il marcher comme si je venais de conquérir le monde, ou comme si le retard que j’ai pris, en vérifiant cinquante fois le contenu de mon sac, m’importait peu ? J’ai trouvé une solution qui n’en est pas une (malheureusement !) : l’écoute perpétuelle du lecteur mp3. Qu’une voiture klaxonne mon passage abusif au rouge pour les piétons ou qu’un passant s’excuse après m’avoir bousculé,  je m’en tamponne le coquillard, laisse-moi tranquille, j’écoute la bande-son de Mulan (« attaquons l’exercice !! »)  Mais cette tendance, au départ, nonchalante, est devenue comme un besoin ; il m’arrive de temps à autres d’écouter ma musique en compagnie d’un ou d’une mal-aimé(e) !

Ce qui nous mène à l’étape suivante : marcher dans la rue avec quelqu’un. Ça, c’est dix fois plus rassurant qu’un mp3 ! Mais attention ! Cela n’empêche pas les situations embarrassantes ! Au contraire ! Voici quelques exemples de gros bides : je parle à mon ami en marchant, d’autres personnes arrivent dans le sens inverse ; sans que je m’en rende compte mon ami se met en retrait pour laisser ces tueurs de conversation passer sans encombre, et moi je continue à parler. Dans le vide.  Telle une mamie qui révise sa liste de courses avant d’atteindre le marché. Une autre situation, dont on ne sait trop quoi penser : Le feu des piétons est rouge mais la voiture qui pourrait m’écraser de manière hypothétique n’est pas encore sur le point d’accomplir cette hypothèse. Je traverse en pressant le pas, pensant que mon ami me suit ! C’est vrai quoi ! Nous sommes des fous furieux ! Des anarchistes ! « fuck le système » est notre slogan ! Arrivée sur le trottoir pareil à une héroïne de film d’action, je me retourne, cheveux au vent ! Mais il n’y a personne. Mon ami, civil accompli, est resté dans les tranchées pendant que la cavalerie parade. La honte de l’attente, un moment de solitude peu commun. Voilà quelques anecdotes embarrassantes qui arrivent à chacun.

Mise à part ces petits soucis, un couple de personne s’en sort plutôt royalement. Mais à trois, pas moyens de diviser le groupe en plusieurs sous-groupe. A trois, c’est clair, ça va saigner ! A trois, il y aura toujours un solitaire, un de ces oubliés de la vie. Mais quelle idée d’avoir créé les trottoirs, ces limitations de « je socialise tranquillement, sans aucun problème avec toutes ces personnes qui m’entourent».  C’est vicieux ! Mais je m’arrête tout de suite, vous l’aurez compris, je suis de ceux qui marchent derrière, tête baissée, qui ont abandonné rapidement la bataille « j’ai une de ces conversation ! Tu vas voir, ça va discutailler! ». Bien sûr, on ne peut continuer sans mentionner l’expression suivante, « la cinquième roue du carrosse ».Elle est là, en cas de besoin, et c’est tout. Dans ce cas-là, je recommande l’utilisation du fameux mp3, mais il y aurait comme un air de « antisocial tu perds ton sang-froid » au sein du groupe des trois. (au passage, une blague de premier de la classe : « bah oui ! MP3 : Mal Placé n°3 ! hein ? hein ? T’as compris ? »). Et ne me dites pas que l’on peut tourner de temps à autres, et puis quoi encore ? Minuter le temps de parole ? A la guerre comme à la guerre, la cinquième roue n’a que ce qu’elle mérite ! Mon conseil pour réussir : manger des épinards et surtout pas d’ail.

Il est évident, mesdames et messieurs, que votre marche définit, au premier abord, le morceau visible de l’iceberg qu’est votre caractère. Traîner de la patte, c’est crier que vous êtes fatigué ; marcher droit comme un « i », le regard vissé sur l’horizon traduit votre détermination à marcher sur tous ceux qui vous bloquent le chemin d’une réussite certaine (ou bien votre affiliation à Louis XIV) ; marcher avec la tête en l’air exprime votre tendance à avoir la tête dans les nuages (et être un futur accidenté) ; bref, vous l’aurez compris, marcher, c’est votre CV public ! Alors haut les cœurs braves gens, il va falloir travailler votre démarche ! Et après, on se moque des top-modèles, alors qu’eux, ils ont tout compris ! Pourquoi écrire une thèse, si on n’affirme pas sa détermination en marchant ? Pourquoi aller chez le médecin, alors qu’on peut afficher sa bonne santé avec un pas rythmé et le torse bombé ? Mais finalement, on ne peut pas vraiment se tromper sur la bonne manière de marcher, il suffit de viser droit devant soi, savoir être flexible pendant les tournants et éviter les autres personnes. Personne n’a jamais vu un piéton marcher à reculons, les yeux fermés et tourner avec un angle de 90 degrés. Marcher, c’est très simple, surtout quand on a un but.

Le but, cet endroit plein de promesses, le terminus de cette transition. Le must, c’est d’avoir un but, et de connaitre exactement le chemin à prendre pour s’y rendre. Sans idées géographiques, on perd du temps et du style. Ne pas savoir où aller conduit inévitablement  à plusieurs situations. La première : tourner en rond, chercher désespérément la terre promise et surtout, avoir l’air complètement paumé et bien stupide. La seconde : demander son chemin. Mais là, c’est étaler son ignorance complète (« heuuu bonjour ! Je cherche la tour Eiffel, pourriez-vous m’aider ? ») Vous aurez beau être en costard Hugo Boss, une Rolex au poignet, là, vous perdez des points. La troisième, avec l’option naïveté offerte, c’est d’y aller au hasard, écouter la voix du vent qui vous guide et se retrouver au mauvais endroit, sans le savoir. Merci d’être venu. Mais j’emprunterai les mots d’un soldat de green peace pour relativiser, nous ne sommes jamais perdu, tant qu’on vient de quelque part, après, où l’on va est autre chose. Ou quelque chose comme ça.

Parlons maintenant des romantiques ! Ces Hommes de la nature qui marchent pour le pur plaisir de marcher et de se perdre dans leurs pensées. A la manière de Rousseau, ils marchent en observant le paysage pour « se vider la tête ». Oui ! Marchons dans la rue, observons ce poteau électrique avec un câble qui y pendouille, ces bus verts comme l’herbe de ce parc où tous les bancs sont occupés par nos amis les clochards. Mais que vois-je ! De l’eau, coulant à flot comme une rivière, dans le caniveau. Oh et puis ces inscriptions sur le sol, digne d’être les hiéroglyphes du 21ème siècle : « bus », « stop » etc… Entendez-vous le chant de la rue, l’orchestre symphonique urbain composé de klaxons, de sirènes, d’insultes lancées comme les cadeaux le jour de noël ! C’est d’un romantique ! À en faire pleurer les poissons ! Mais bien sûr j’exagère, sous ces masses de saleté et de pigeons, il y a les monuments historiques ; gloire à la patrie (pousse toi, le pigeon ! tu caches la tête de la statue !). Mais cette partie-là, on la laisse aux touristes ; merci à vous, donc, de vous en occuper.

Nous arrivons finalement, à ce que nous redoutons le plus quand nous marchons dans la rue : Les obstacles. Malheureusement, la rue n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a parfois des moments où j’ai l’impression que c’est fait exprès. Comme une organisation aux aguets,  prête à me ruiner mon « jusqu’à-ce-moment-là » sans faute. Caché, derrière un faux buisson, talkie-walkie à la main « Hey Bernard ! Envoie les pigeons sur la ‘tite dame là ! ». Les pigeons. Il fut un temps où un coup de pied évasif aurait fait fuir ces malappris; mais de nos jours, l’alliance avec l’organisation de sabotage les a rendus presque invincibles. Maintenant, c’est carrément moi qui dois les contourner ! Dans dix ans, on devra s’excuser de les avoir gêné ! Enfin, si ce n’était que les pigeons ! Nombreuses sont les personnes qui nous veulent du mal, nous les piétons : Les personnes âgées. Ça, ce sont des personnes qui marchent limite, à reculons. Alors là, c’est un truc à vous casser le délire de l’écoute de la BO de Mulan ! Et le pire, c’est qu’au bout de quelques secondes, on prend le rythme de la mamie de devant. Tout d’un coup, on se sent comme mourant, on marche dans de l’aligot, les reins nous font mal… Et puis quand on se ressaisit (enfin !) pour dépasser la voiture de course, en face (« attaquons !) il y a une dame, avec 30 000 sacs (l’exeeeeer… »). « Doucement, pas à pas, marchons vers l’avenir, sur la route du.. » malheur (merci Anastasia…). Mais pourquoi ?! Pour elle, aller au travail, c’est comme partir en voyage ? Elle se déplace avec les archives des cinq dernières années à chaque fois ? C’est sa trousse à maquillage ? Mystère et boule de gomme !

Mais il y a aussi les obstacles qui en veulent à votre mental. Par exemple, les clochards. Mais ça, je ne vais pas expliquer pourquoi il y a toujours deux ou trois gouttes de transpiration sur le front quand on en voit un. Les tas de feuilles en automne. Un romantique : « mais quoi ? vous n’aimez pas ce dégradé de couleur automnal ? ». Un jour de pluie (et même le lendemain !), le tas de feuilles est glissant. Le tas de feuilles est fourbe. Et le pire, ce n’est pas que vous allez tomber en glissant dessus ; vous croyez que vous allez tomber ! Pendant un quart de secondes, crise cardiaque, petites pensées paniquées « ça y est, c’en est fini ! J’suis fioutu ! », Et puis l’autre pied se pose enfin sur le sol, après une petite agonie cardiaque. Rien de méchant ! Prenez garde aux feuilles mouillées, elles sont vicieuses.

Voilà donc, en somme, ce que la rue nous apporte ; Je tiens, en tant que porte-parole, à m’adresser à l’association de sabotage : Nous venons en paix. A tous les esseulés du groupe de trois : ici, la solution. Quant au reste, en temps de guerre, il faut savoir faire des sacrifices, soit c’est votre dignité, soit c’est votre temps. N’hésitez pas à pousser les fossiles, à déplumer ces warriors de pigeons, à marcher seul la tête haute ou le dos voûté (comme le pote de Victor Hugo là !), et si vous êtes perdus, fermez les yeux, tournez sur vous-même et pouf ! Voilà la direction ! Aux romantiques, je n’ai qu’une chose à vous dire : marchez sur le côté, on est pressés !!

                                                                                                                                                             Reporter Esther 

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Commentaires
R
EGLISE!!!!!<br /> encore!<br /> Ps:Qui est "moi" et "moi-même"?
H
Haha petit private joke entre moi et moi-même. Je me demande si tu vas (chercher à) comprendre...
F
On (tu te doutes bien de l'identité du on) m'avait dit d'aller voir ce blog "marrant" et je n'ai pas été déçue. J'ai bien ris. Cette perspicacité dans l'observation: j'aime beaucoup!<br /> Et ton style très Estheriens me rappelle de belles années en ta compagnie!<br /> J'ai pensé à toi ce matin en marchant derrière deux nanas qui ne marchaient pas assez lentement pour que je les dépasse et trop lentement pour ne pas me faire oublier que j'étais déjà en retard. <br /> Bref, je reviendrais voir ce blog en espérant que tu l'étoffes rapidement :) !
S
WWouu Ha! Super posting esther! tu fait des marcheurs anonymes des êtres appart, bravo! Stp tu peux m'expliquer comment font les estropiés et les aveugles dans ton prochain épisode de la jungle urbaine? Je te souhaite de rencontrer tarzan, lui ne badine pas avec la marche spectaculaire!<br /> Heureusement que tu étais là pour me traduire la solution version anglaise! Bon je vais faire de la pub pour ton blog sur facebook! A mince! j'ai plus facebook dsl, en tout cas j'ai émis l'idée sensation! A plus Romancière Esther je te souhaite...plus de... trois lecteurs! ça te changera du MP3!!!
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